Je leur ai expliqué que je refusais de signer une lettre disant que ce que je faisais n'était pas une démarche d'insertion et que je trouvais absurde que mes (maigres) indemnités de stage soient considérées comme des revenus lorsqu'il s'agissait de calculer le montant du RMI qu'on m'accordait (ce qui fait du 80€) mais que malgré cela mon stage ne soit pas considéré comme une reprise d'activité.
Résumons nous:
Lorque vous touchez le RMI à taux plein, vous avez 2 solutions:
1ere situation: vous trouvez un boulot (même un petit boulot au SMIC); vous pouvez cumuler le RMI et votre SMIC pendant 3 mois, puis vous cumulez le SMIC et la moitié du RMI pendant encore trois mois. J'ai aussi entendu parler d'une prime à l'emploi, mais je ne rentre pas dans les détails.
2eme situation: vous trouvez votre boulot idéal, en rapport avec votre formation, mais ils ne prennent que des stagiaires. Vous gagnez donc moins que le SMIC dans l'espoir que le stage se transformera en emploi un jour, et en plus vous n'êtes pas autorisé à garder le RMI puisqu'on considère que vous avez repris vos études. Vous vous retrouvez donc avec votre indemnité de stage inférieure au SMIC et même parfois inférieure au RMI
3eme situation: vous restez au RMI et vous faites ce que vous aimez en tant que bénévole dans une association. *
4eme situation: vous décidez de prendre un ego de ouf et de vous mettre à votre compte. Et là , bonne chance pour vous faire facturer vos prestations à un prix qui comprenne vos charges de jeune entrepreneur... Y a 10 étudiants ou tout juste diplomés qui sont prêts à faire le même boulot à temps plein pendant 6, 9, 12 mois pour une misère. Y a pas à chercher , sans l'expérience d'un senior, vous ne faites pas le poids!
Est-ce que vous êtes vraiment étonnés que des gens choisissent la deuxième solution?
Vous trouveriez sain d'avoir 100% de diplomés chez MacDo? ( enfin, je dis ça, c'est que je n'ai pas encore vu de stage chez Mac Do, mais ça doit exister aussi, finalement) Le corrolaire est bien sûr que tous les non diplomés se retrouvent au RMI, puisque les postes non qualifiés sont pris par des diplomés qui n'ont pas voulu être payé moins que le smic pour leur travail.
D'un autre côté est-ce que vous trouveriez normal d'avoir 100% des diplomés au RMI, attendant de trouver un poste en rapport avec leur compétences? Bien sûr que non. Vous les remettriez au travail à grands coups de pieds aux fesses!!
Là où on atteint le comble, c'est quand des salariés se voient remplacés par des jeunes stagiaires qui ont choisi la deuxième solution... C'est là qu'on se dit "stop! c'est plus possible tout ça!!"
La Commission Locale d'Insertion, bien sûr , a décidé la suspension du RMI. Mais au moins j'ai sensibilisé 4 personnes de plus au problème des stages. Je me suis sentie vachement plus rassurée quand on m'a dit que je pourrais redemander le RMI en janvier quand je n'aurai plus le statut étudiant. Vu que mes "revenus" mirobolants de stage seront pris en compte dans le calcul de mes revenus des trois derniers mois je devrais m'en sortir avec 100 euros par mois pendant 3 mois.
Autant dire qu'il vaut mieux pas compter là dessus. Et encore moins sur le contrat d'insertion; l'an dernier je n'ai eu l'occasion de le signer que 5 mois après mon inscription, quand je m'étais déjà rabattue sur un stage!!
Donc voilà, me reste la dernière solution; il se trouve que j'ai pas un ego de ouf, que j'ai que des stages en expérience, et que je crèche encore dans l'appart de mes parents qui ont déménagé; fin du bail en décembre. Pas évident de s'installer un bureau de consultant en squat chez un copain ou dans un appart qu'on va devoir quitter dans très peu. Et puis mon stage est fini, plus de revenus de ce côté là.
Et pourtant j'ai le moral: savez pourquoi? Parce que j'ai des gens qui m'aiment et qui me laisseront pas tomber...
*:Evidemment, je ne parle pas de la solution qui consiste à taire soigneusement le fait que vous êtes en stage; pour montrer à quel point le système est absurde, il faut jouer le jeu honnêtement et sincèrement jusqu'au bout.