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Soutien

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Comme une machine qui consommerait un maximum de pétrole uniquement pour entretenir sa surchauffe, l'intello du dessous consomme un maximum de facultés intellectuelles pour entretenir sa capacité à surmener son cerveau... en pure perte. Un pur produit de la société de surinformation dans laquelle on patauge...

Aujourd'hui j'ai décidé que tout ça allait sortir, et que je ferais connaître à  d'autres cerveaux surmenés et improductifs le chaos de mes pensées. Ca me fend un peu le coeur d'ajouter au flot d'informations inutiles qui circulent sur le net, mais il paraît qu'un être humain doit s'exprimer pour vivre, il paraît qu'il faut partager ses pensées pour qu'elles ne restent pas vaines. Alors bien sûr, cette décision tiendra jusqu'à ce que la somme d'informations que j'ingurgite chaque jour ne submerge la ressource mémoire où est née l'idée de ce blog, mais ne désespérons pas. Peut-être que le Bouddha qui veilla sur mon berceau me donnera la faculté d'entretenir mon jardin...

 

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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 13:30

Aujourd'hui, une journée de chômage comme les autres. Avec un petit virus en plus, qui me pique les yeux et me fait sentir vaguement nauséeuse.

Après une demi-journée passée sur l'ordinateur à essayer de tromper le malaise en parcourant ma timeline Facebook, je me résous à être une feignasse de chômeuse tout juste bonne à végéter sur le canapé, parce que même sans travailler elle arrive à tomber malade.

Et après avoir fait le tour des séries que j'ai déjà vues et de celles que je ne veux pas regarder toute seule pour pouvoir les regarder avec mon travailleur de chéri qui passe beaucoup moins de temps à la maison, je tombe par hasard sur ce documentaire que je voulais regarder mais que je repoussais, parce que parfois on en a marre de regarder le monde en face : "This changes everything", de Naomi Klein et Avi Lewis. J'ai aussi le livre "Tout peut changer" qui attend sagement que je m'y mette.
Et au milieu du documentaire, je me suis mise à pleurer. Parce que ces gens qui refusent qu'on saccage leur terre au nom d'une croissance dont on ne sait plus à qui elle profite, ont raison. Parce que je suis émue de voir que jusqu'en Inde on se lève pour refuser des centrales à charbon.

Et je pense à mon père qui après avoir fait du soutien scolaire à Paris, a continué en Provence où il a pris sa retraite, et qui me dit qu'il a affaire à des enfants bien plus apaisés.

Je ne peux m'empêcher de me dire que c'est parce que ces enfants ne sont pas déracinés. Pendant longtemps j'ai eu du mal à comprendre la beauté des luttes pour un lopin de terre. Mais comment pourrais-je le comprendre, moi la fille d'ingénieur élevée dans une région dépourvue de famille autre que mes parents et mes soeurs, habituée à vivre hors sol, la tête dans mes bouquins. Je le suis bien, déracinée, alors pourquoi pas les autres? Et pourtant, je reste dans mon pays natal, qu'en est-il de ceux qui n'ont pas de racine même sur le continent où ils vivent?

Je suis imprégnée de cette culture qui veut qu'on parte de chez soi pour réussir, qu'il soit nécessaire de sacrifier un peu de nature pour l'industrie, et je comprends aujourd'hui que depuis le début je ne me suis pas retrouvée pas dans tout ça. Pendant toutes mes études j'ai essayé de me guérir de la répulsion que m'inspirait l'industrie, de voir ce secteur comme une terre inconnue à découvrir, de me prendre pour une pionnière qui osait s'aventurer dans cet univers masculin, de le voir comme le dernier témoignage d'une grande époque, celle des luttes ouvrières et de l'émergence du droit des travailleurs. J'ai tenté de me convaincre de l'utilité de toutes ces productions, il faut de l'acier pour les voitures - tout le monde a besoin d'une voiture n'est-ce pas?- , il faut du charbon pour faire de l'acier, et donc des mines, et des mineurs, et tout ce que nous touchons a été fabriqué dans des usines, elles sont donc utiles n'est-ce pas? Il a fallu que je démonte une à une mes répulsions de petite fille face à la froideur et la laideur des zones industrielles, où on ne peut accéder qu'en voiture, bien sûr, source de difficultés innombrables pour la stagiaire que j'étais. Mes études dans le Nord m'avaient même rapprochée des racines d'une partie de ma famille, et je finissais par l'aimer, cette France industrielle. Et me dire que peut-être mon grand-père était un industriel comme on n'en fait plus, qui avait le respect de ses ouvriers. Sauf qu'il avait du fermer l'usine et que ses fils travaillaient maintenant pour des multinationales.

Et une fois que j'avais surmonté cette peur du monde industriel, il a fallu que je me rende à l'évidence. L'avenir en France n'était pas à l'industrie, mais aux services. C'est ce qui m'a heurté à la fin de mes études. Mais pourquoi avoir choisi le Génie Électrique? Ce sont les informaticiens qu'on s'arrache à présent, la nouvelle économie à tant de choses à nous apporter, et a besoin de concepteur de logiciels, de développeurs. J'ai donc décidé de m'y former, et c'est là que j'ai été projetée dans un monde tout différent, celui des prestations de service en informatique. Et la formation que j'avais reçue pour entrer dans l'informatique n'était nullement un critère, j'ai fait tout sauf ce sur quoi j'avais été formée. J'ai même finalement atterri dans une boîte de conseil en marketing digital. Moi qui considérais le marketing comme le mal absolu et qui m'étais abonnée à La Décroissance, fille des Casseurs de Pub, je me retrouvais à expliquer (ou plutôt écouter mon chef expliquer) comment systématiser la récolte de données sur les clients et l'envoi de mails ciblés proposant le bon produit au bon moment. Et là aussi, des trésors de stratégie pour me convaincre qu'ainsi on n'arrose pas systématiquement tout son fichier de prospects, et qu'on ne sollicite les gens que sur des produits susceptibles de les intéresser. On peut même éviter de solliciter les clients dont on sait qu'ils sont trop pauvres pour acheter, pas cons.

Ou comment marcher sur la tête pour essayer de sortir la tête de l'eau.

Et la seule expérience que je tire de tout ça, c'est que ça n'a aucun sens. Aucun.

Que quoi que je fasse, je me sens toujours presque plus inutile qu'en ne travaillant pas.

Et c'est terrible.

Si j'étais la seule à n'y voir aucun sens, je n'aurais qu'à m'interroger sur ma santé mentale, mais non, ce que dit ce documentaire, ce que disent les témoignages de gens en burnout, et ceux qui s'expriment aujourd'hui contre la loi Travail, c'est que tout ceci n'a aucun sens, que les logiques économiques nous broient au nom de la croissance, dont ne sait même plus ce qu'elle doit apporter. J'aimerais être capable d'apporter des solutions, mais je vois que même notre gouvernement n'est pas capable de résister à cette injonction. Prêt à saboter les droits de tous les travailleurs pour permettre à tous d'être broyés par la même machine, sous prétexte de lutter contre le chômage. Et ils se persuadent eux-mêmes de faire ça pour le bien du pays.

Je retourne à mon documentaire, peut-être qu'effectivement nous sommes capables de réécrire l'histoire, comme le dit Naomi Klein. Je veux le croire en tout cas, même si pour l'instant la sidération est ma seule réaction.

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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 01:19
La France a gagné, elle est qualifiée pour le Mondial. Et moi, ben je m'en fous un peu. J'ai été voir O bloque au théâtre de Belleville. Vu Marina, toujours aussi adorable. Comment elle fait pour être aussi gentille avec tout le monde? Elle dit qu'elles jouent dans le métro , dans les supermarchés , dans les marchés, dans la rue, et que les gens leur parlent, de leur précarité à eux, etc. Comment a-t-elle le courage d'entendre tout ça? Moi ce soir je n'arrivais pas à entrer en contact avec les gens. Il y avait Juliette et Fred de Génération Précaire, mais je me sens tellement incapable de communiquer. Je suis pour toujours séparée, silencieuse et somme toute assez indifférente aux autres. J'aime l'Autre, je m'intéresse aux autres humains mais je n'arrive pas à m'ouvrir à celui qui est là en face de moi. Je me sens empruntée , tout ce que je dis tombe à plat. C'est assez terrible. Et du coup , je ne peux pas faire émerger ce qui m'intéresse chez les gens. Je n'ai affaire qu'à la surface d'eux, qui m'indiffère. Sans doute parce que moi aussi je n'arrive pas à laisser voir autre chose qu'une surface inintéressante. Et je ne sais toujours pas ce que je fais là. Je n'ai pas de travail mais je suis de plus en plus persuadée que ce n'est pas ce qui donnera un sens à ma vie. Ma vie aura-t-elle un sens un jour? En a-t-elle déjà un que je ne vois pas?
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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 22:39

Ca fait plus de 18 ans maintenant que je vis avec ton souvenir. Le temps d'une deuxième vie. Je n'ai pas vécu pour deux depuis cette date, plutôt vécu à moitié. Tu avais tout pour réussir et la vie devant toi, et un sourire lumineux. Une absurdité dont je ne me suis jamais vraiment remise. Je peux m'imaginer qu'en surdoué de la vie tu avais déjà accompli tout ce que tu avais à accomplir sur cette terre. Moi il me restait de longues années à trainer mes guêtres dans un monde hermétique à mon entendement. Je suis le mauvais élève qui regarde partir son camarade et qui reste à sécher devant sa copie blanche , peu à peu parsemée de gribouillis informes, mais sûrement pas celle qui me permettrait de te rejoindre une fois mon devoir accompli. Je t'ai tant jalousé pendant ces 18 ans, que j'ai oublié l'énoncé...

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 18:39


Lorsqu'elle a lancé l'appel qui a permis la création de Génération Précaire, Marina portait déjà dans ses cartons ce texte qu'elle met aujourd'hui en scène. 

Ce texte m'a émue aux larmes quand je l'ai lu, tant il porte de rage contenue et d'énergie.

Aidez ce spectacle à voir le jour!

 

 

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 02:38

Je vois que ça vous dérange beaucoup de ne pas savoir ce que je pense après 4 mois de collaboration, et donc je vais jouer franc jeu en vous expliquant réellement quelle est ma situation.

Si vous voulez connaître mes convictions profondes, je suis plus proche d'une militante écolo et d'un membre de CHSCT que d'un directeur de site industriel. Pourtant, je sais un peu ce que c'est , en tout cas ce que ça a pu être, puisque mon grand-père dirigeait une fabrique d'huile dans le nord , aujourd'hui disparue, tuée par la concurrence.

J'ai un trou dans mon CV entre 2005 et 2008, car je consacrais le plus clair de mon énergie à faire en sorte , avec Génération Précaire, que la législation sur le stage évolue.

C'est pourquoi j'ai du beaucoup prendre sur moi au moment de faire mon stage chez vous, et je ne pouvais pas vraiment en vouloir à E, stagiaire en même temps que moi, de se révolter qu'on ne lui rembourse même pas intégralement ses frais de transport.

Je trouve injuste qu'on lui ait reproché son manque de sérieux alors qu' elle était juste épuisée de devoir en même temps faire son stage et donner des cours le soir et le week end pour gagner sa vie. Stage pendant lequel, je le rappelle, elle a travaillé sur des analyses essentielles qui relèvent de votre obligation légale de surveiller les risques encourus par votre personnel.

Malgré tout ça, j'ai bien compris que mon rôle, la mission qui m'est confiée, est de vous assister dans la gestion des sujets environnementaux et de sécurité, pour entre autres minimiser les risques de sanctions administratives,  et c'est vraiment ce que je m'attache à faire de mon mieux.

En gros, je suis de votre côté, parce que c'est mon travail, que je mesure les difficultés que vous avez à être assistée par votre hiérarchie dans cette tâche, et qu'à titre personnel je ne vous veux que du bien.

Certes ça m'oblige à des compromis, et ça peut se voir dans mon comportement, et vous pouvez être irritée que je me morde les lèvres de temps en temps sans que vous sachiez ce que je me retiens de dire. Mais je vous assure que je fais de mon mieux depuis le début pour que ça se passe bien et que vous puissiez avoir confiance en moi.

Ce n'est pas parce que sur un  plan plus  global je suis ravie que la loi tente de protéger les gens et l'environnement face aux logiques uniquement financières que je suis ravie de voir que c'est à vous qu'on reproche de ne pas faire ce qu'il faut, alors qu'objectivement votre entreprise ne vous en donne pas les moyens.

Je sais bien que la tendance est à la réduction des effectifs internes et que vous tous, managers et salariés , êtes sous pression. On rationnalise les moyens et on vous enlève des marges de manoeuvres (voir C. et sa Direction des Systèmes d'Information, par exemple).

Je sais faire la part des choses dans tout ça, je vous demande juste de comprendre que la situation n'est pas facile pour moi, obligée de m'impliquer dans un travail que je ne pourrai pas poursuivre parce que ce n'est qu'une mission d'interim.

D'autre part, oui, j'ai des relations difficiles avec les autres, ça me demande beaucoup d'efforts d'être sociable, c'est un gros frein dans tous les aspects de ma vie, j'apprécierais que vous me souteniez au lieu de retourner le couteau dans la plaie en disant que si je ne corrige pas ça fissa, ça sera difficile de trouver du travail. Comme si je ne le savais pas... 

Recevez, Madame, ... 

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 09:34

Malgré l'absence de mises à jour, il y a encore des gens qui trainent ici de temps en temps. Google fait son boulot, il ramène les fans de mafalda, les gens qui en ont marre des motocross, ceux qui veulent voir une photo d'une chaîne de fourmis... et des intellos... des jeunes qui se demandent comment devenir intello (comment être intello en 6e....??? wtf!? * , comme dirait mon geek de copain) , des gens à qui "on [...] reproche d'être intello" et des gens qui ont juste écrit "j'en chie" dans leur moteur de recherche.

Tous les mois, des gens en chient et l'écrivent à Google, comme un témoignage, parce qu'ils n'ont personne d'autre à qui le dire, sans doute. Parce que c'est vulgaire, c'est vrai, c'est difficile quand la boulangère, ou sa collègue de bureau, nous demande si on va bien, de répondre "j'en chie", même si c'est exactement ce q'on ressent.

Tout ça pour dire, vous qui en chiez, vous n'êtes pas seuls, même si mon article à moi date un peu, vous n'êtes pas les seuls à dire à Google que vous en chiez.

Et moi dans tout ça, diront les rares qui sont venus là en tapant vraiment "lintello du desssous" dans leur moteur de recherche? Ils se demandent comment on tourne quand on a manifesté masquée contre les abus des stages , qu'on a un diplome d'ingénieur mais pas une once de combativité pour défendre son bifteck,
 et qu'on a claqué la porte de son boulot d'informaticien dans une grosse boîte avec des RHs trop gentilles qui me demandaient le plus sérieusement du monde si j'envisageais une belle carrière dans une boîte qui m'avait embauchée à niveau bac+2, m'avait fait changé de métier 4 fois en 2 ans (oui, y a plusieurs métiers dans l'informatique) et attendait patiemment que Chicago trouve dans mes évaluations de bonnes raisons de faire passer ma promotion avant les dividendes des actionnaires, dont j'avais même le droit de faire partie si j'avais des sous en trop sur mon salaire, ce qui n'était pas vraiment le cas. Ben eux j'osais même pas leur répondre. Parce que oui, voilà, je sais toujours pas trop défendre mon bifteck, au bout de trois mois de non travail, je m'emmerdais, mais j'avais pas de réponse à mes courriers pour faire autre chose que de l'informatique. Et on me contactait, des fois, mais c'était toujours pour faire de l'informatique, en banque, en assurance, youpi tralala, exactement ce pour quoi j'avais dit que ça valait pas le coup de se faire chier...

Alors je vous le donne en mille, j'ai fini par me réinscrire à une formation, une qui me faisait pas perdre mon chomage, qui m'apportait pas grand chose mais qui me permettrait de dire que j'avais un vrai projet professionnel en quittant ma boîte. Je me suis tapé 3 mois de cours pas terrible sur de la qualité, de la sécurité, et de l'environnement, par un gars qui avait pas remis ses cours à jours depuis 2006. J'ai fini par sécher ses cours, ça me rendait agressive. J'ai failli accepter un boulot chez Alten, systèmes d'informations youpi mais en industrie pour changer, et puis allez savoir pourquoi, après m'avoir fait une proposition, le gars a arrêté de répondre à ses mails et il a plus jamais pris mes appels. J'ai essayé de l'appeler en passant par l'accueil (il est peut-etre mort on sait jamais), et après l'avoir bien pourri mentalement, ce crétin qui est même pas foutu de prendre son téléphone pour dire "désolé, j'ai merdé, j'avais pas le droit de dire que je vous embauchais" , j'ai renoncé à le pourrir en vrai auprès de son patron, enfin j'ai pas eu le temps, j'avais d'autres chats à fouetter, fallait que je me dépêche de trouver un boulot avant d'être obligée de refaire... un stage. Voilà, on y vient au truc honteux. J'ai essayé de repasser des entretiens, même pour faire de l'informatique dans la banque, mais j'ai pas réussi. B.. de m.. Et si je quittais la formation sans raison "sérieuse" (en gros, handicapée ou embauchée) je devais rembourser la Région. J'avais pas vraiment les moyens. Et honnêtement, dans mon groupe, 80% étaient dans le même cas: déjà un bon diplome ou une bonne expérience en QSE, et dans cette formation juste parce qu'il faut bien montrer qu'on glande pas, et qu'on sait jamais, faut peut-être passer par un stage pour trouver un vrai boulot.

Donc rebelote, j'ai trouvé un joli stage dans une autre boîte qui avait besoin de pas perdre sa certification ISO 14001, et bien sûr, comme d'habitude, sans tuteur qui s'y connaisse mieux que moi. Du consulting gratos, encore.Parce qu'on aurait pu croire que j'aurais bénéficié des avancées sur les stages, mais je ne sais qui à la Région ou à l'organisme de formation a décidé qu'un stage de plus de deux mois, si il faut payer, ils risquaient de pas réussir à placer leurs stagiaires. On a donc eu Gérard, 52 ans, 30 ans d'expérience dont 10 en tant que responsable Qualité, qui a fait comme tout le monde 2 mois de consulting gratos dans une petite boîte.Ou Antoine, 57 ans, x années d'expérience chez Renault et viré comme un mal propre à 3 ans de la retraite, qui fait des formations pour passer le temps et voir du monde, qui a quand même eu son lot de formations en qualité (en 30 ans de Renault, hein) et qui a pu aussi faire profiter une brave entreprise de son expérience. Le pire, c'est qu'ils ont eu du mal à trouver leur stage, même pas parce que les boîtes cherchaient des jeunes à former, non, juste parce que deux mois c'est trop court vous comprenez, on n'aura pas le temps de vous confier une vraie mission, on préfère les stagiaires de 6 mois. Et puis c'est vrai que ça fait bizarre d'accueillir un stagiaire de plus de 50 ans...

Je vous fais grâce des autres profils, mais bon... vous avez compris le principe. Des gens qui n'ont pas vraiment besoin de cette formation, qui n'ont même pas besoin de réinsertion, juste qui ont besoin d'avoir un but à poursuivre, un truc à faire en se levant le matin, parce qu'ils sont sérieux et travailleurs, alors une formation pourquoi pas, en attendant de trouver un vrai boulot. Oui, remarquez, c'est peut-être ça la réinsertion...

Je comprends de mieux en mieux les faux stagiaires , ceux qui se font faire des conventions bidons pour aller faire des stages non payés (moi ça ne m'était encore jamais arrivé, même avant Génération Précaire). Et pourtant je sais en quoi ça pourrit le système, en quoi ça dévalorise le travail de ceux qui bossent pour gagner de l'argent. L'être humain est ainsi fait qu'il n'est pas un homo economicus, il peut préférer une gratification morale à une gratification financière. C'est comme ça que les métiers considérés comme les plus gratifiants sont de moins en moins payés. Et je tombe exactement dans le schéma. Ne supportant plus de faire un travail dont l'utilité sociale semblait plus que lointaine, et dans un contexte de management par le stress totalement rédhibitoire, je choisis de me retrouver à faire bénévolement ce que l'entreprise payerait si elle avait un souci de son impact environnemental et social, mais qu'elle ne paye pas parce que ça ne rapporte rien. Plus j'essaye d'être utile à la société, moins je suis payée (financièrement) en retour.

Et le pire, c'est que comme ça m'intéresse, je bosse, au lieu de dire "oh c'est bon, au prix où vous me payez, je vais quand même pas vous éviter une amende en faisant le boulot du responsable environnement que vous n'avez pas embauché, vous la méritez votre amende". Pour pas insulter le chef de site , pour pas partir en claquant la porte et en disant "embauchez quelqu'un, sinon je peux rien faire pour vous", parce que je l'ai déjà fait et que ça n'a servi à rien , parce que je sais que des milliers de petits stagiaires hygiénistes du travail et ingénieurs en environnement finiront par venir faire le travail quand même, ben je fais semblant d'avoir un vrai boulot, et j'imagine très fort que je suis payée. Parce que je sais pas bien ce que ça me coûterait personnellement d'envoyer un dossier à charge à l'inspection du travail ou aux services en charge de l'environnement, et parce que malgré tout vaut mieux faire ce qu'on peut où on est, et parce qu'ils vont me garder en interim jusqu'à l'été, après mon stage, parce que j'ai bien réussi à faire comme si je m'en foutais qu'ils abusent grave des stages. Et même je vais appeler mes parents toute contente pour leur dire que j'ai fait bonne impression, que j'aurai un vrai salaire de cadre en interim, comme si j'avais pas fait le calcul de ce que ça donne comme salaire en moyenne en comptant les deux mois gratos. Comme si je trouvais normal que l'autre stagiaire soit remerciée (à peine) parce que bon quand même elle était moins sérieuse. Berk, berk, berk. Alors oui, j'ai honte, et je comprends de mieux en mieux tous les comportements absurdes qui fouttent notre société par terre.




*: "wtf": abréviation de  "what the fuck", que je ne traduirai pas  (j'adore faire des petites notes de bas de page comme les vrais journalistes)

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 16:35

Les profs stagiaires reprennent le masque blanc!
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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 01:31

Cela fait deux mois que j'ai quitté mon travail.

J'ai réussi à obtenir une rupture conventionnelle de contrat bien qu'on me l'ait refusée à la première demande. Ils n'avaient aucune raison de vouloir se séparer de moi, et ils recommençaient à embaucher. De plus, je faisais l'affaire au poste où j'étais et ils souhaitaient même me donner plus de responsabilités. Mais toujours sans changement de statut et au même salaire.

J'avais beau avoir un peu plus d'espoir qu'on régularise ma situation en me promouvant au grade d'ingénieur, ça me paraissait assez affreusement cynique de devoir encore être suspendue à une décision venant de Chicago pour qu'on me donne dans mon entreprise un titre que j'avais déjà dans les faits.

De toutes façons, je ne me voyais pas d'avenir dans ce métier, et ce que j'y faisais me paraissait tellement vain qu'il me paraissait absurde de continuer dans cette voie, hormis pour garder un salaire et un semblant de sécurité.

Belle sécurité qui m'amenait chez les médecin de plus en plus souvent. Le burn-out et la dépression sont pour moi un danger plus tangible que l'insécurité matérielle. Mon médecin et mon copain ont fini par me convaincre qu'il n'était pas absurde de chercher autre chose. J'ai peut-être tort de les avoir crus, l'avenir me le dira.

Je veux bien me faire du souci, m'épuiser à la tâche, perdre le sommeil, mais pour quelque chose qui le mérite. J'ai souvent perdu le sommeil d'avoir trop parlé de la violence contre les femmes, d'avoir trop écouté la désespérance des jeunes devant qui toutes les portes se ferment, et ma contribution n'a pas forcément été utile, mais traiter les données d'assurances qui gèrent les plus grandes fortunes du pays ne mérite pas qu'on se rendre malade, à mon avis.

Et voir mon chef exulter d'avoir décroché un contrat au Luxembourg parce qu'enfin on mettait le pied dans un paradis fiscal, je ne pouvais vraiment pas m'en enthousiasmer. La seule chose à laquelle je me sentais un peu utile, c'était à aider mes collègues à n'être pas trop surmenés, à les aider de temps en temps à relever le nez du guidon en riant de l'absurdité de livrer un client un jour férié, à essayer d'être une des personnes qui leur permettrait de mettre dans leur questionnaire annuel d'implication que oui, il y a quelqu'un dans mon travail qui s'intéresse à moi en tant que personne. Mais en être remerciée la plupart du temps par un "c'est bien d'avoir une fille dans l'équipe, ça apporte beaucoup de douceur" ce n'était pas vraiment ce que je cherchais...J'avais un peu envie de répondre "Je vous jure que les hommes ont le droit aussi d'être humains! Oh et puis vous me fatiguez..."

Bon enfin je pense qu'ils survivent même sans leur shoot de douceur féminine (pffff)..

 

A part ça, le cancer fait des ravages autour de moi et de ma famille. Un de mes oncles est mort à 62 ans, ses deux fils avaient déjà perdu leur mère de la même maladie 5 ans auparavant. Un ami de ma soeur vient de mourir à 41 ans, laissant une veuve et trois enfants. J'ai appris il y a quelques mois que j'avais échappé au gène qui devait multiplier par deux mes chances d'avoir un cancer du sein mais ma soeur va devoir composer avec les examens annuels.

La seule chose que je puisse faire c'est vivre, du mieux possible. Et même si ma décision de quitter le seul boulot stable que j'avais trouvé a plongé ma mère dans l'angoisse, même si j'ai encore parfois ces bouffées de dénigrement qui me font me traiter de bonne à rien, je vis. Et j'aime. Et je me bats (mal, avec tout un tas de désertions dues à ma fragilité) avec ceux qui essayent de changer la société, de nous empêcher de nous rendre de plus en plus malades, qui essayent de le faire dans le respect des plus faibles parce qu'on est tous faibles au moins une fois dans notre vie. Je ne sers à rien mais j'essaye au moins de montrer à ceux qui agissent que je les soutiens. 

Et je continue de penser que Sarkozy n'est pas mon président, que je hais ce qu'il fait de notre société. On a tellement de choses à faire pour survivre tous ensemble que c'est une abomination de tout gâcher en attisant les haines. Face à la misère il n'y a pas de nationalité qui tienne, nous somme tous citoyens du même monde et nous sommes tous dans le même bateau face aux violences, face aux désespoirs et aux révoltes. Il faut être naïf pour croire qu'on pourra expulser la violence hors de nos frontières est vivre en paix entre français bien élevés. La violence de ses discours et des ordres qu'il donne crée déjà du désespoir et de la révolte dans ma propre famille, pourtant franco-française. Que cherche-t-il vraiment à part le chaos?

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 06:56

Je rêve d'une société où tout le monde aurait le droit de vivre. Par le simple fait de faire partie de la société. Une société où on ne se demanderait pas si tu mérites d'avoir un toit ou si tu mérites d'avoir de quoi manger. Une société où le simple fait d'être un être humain donnerait droit à des conditiions de vie dignes. 

Je sais que tous ces droits sont inscrits dans la déclaration universelle des Droits de l'Homme (droits humains, j'aimerais bien), mais aussi dans la constitution française, plus ou moins. Mais je sais aussi que le droit au logement, juste pour prendre un exemple, c'est loin d'être gagné. Surtout quand on en a déjà un, ce qui est souvent le cas des jeunes: "retourne chez tes parents , au lieu de traîner dans la rue ou dans des squats!".J'ai déjà essayé d'expliquer à une conseillère en insertion que pour être capable de trouver un travail, il fallait d'abord m'éloigner d'une mère toxique pour que je me reconstruise une identité. "Vous savez bien que sans CDI on ne trouve pas de logement!". Elle n'avait pas tort bien sûr. Je n'ose pas imaginer la situation d'une femme battue.

Alors quand je me mets à rêver d'une société idéale, je rêve d'un revenu universel. D'un droit inaliénable à avoir de quoi vivre, qu'on soit malade, bien portant, beau, laid, jeune, vieux, fort, faible, petit, grand, valide ou non, sain d'esprit ou non. 

Et comment ferait-on marcher la société si personne n'avait besoin de travailler? En payant en plus les travaux réellement utiles. Les riches seraient les éboueurs, les ouvriers du bâtiment, les agriculteurs, les enseignants, les infirmiers, les travailleurs sociaux,

les policiers. Un peu le  contraire de ce qui se passe actuellement, en somme. 

Aujourd'hui, pour gagner de l'argent, il faut travailler pour les gens qui ont de l'argent. Mieux vaut être conseiller en patrimoine qu'assistant social. Mieux vaut faire des formations en management pour les cadres supérieurs que d'être instituteur de maternelle. Mieux vaut vendre des montres de luxe que des légumes. Et comme ça, toute la société se dirige vers de activités inutiles au plus grand nombre plutôt que vers ce qui est utile aux plus fragiles. 

Et je crève de l'inutilité de ma vie de travailleuse autant que d'être jugée à l'aune de ce que je gagne. 

Pourquoi mon père à la retraite a le droit de se rendre réellement utile en faisant du soutien scolaire à des enfants défavorisés pendant que je m'esquinte à faire des applications informatiques inutiles pour des banques qui n'acceptent que les plus nantis et qui ne savent pas investir leur argent autrement qu'en changeant une n-ième fois leur système d'information? Et même dans la conception de ce système d'informations, ce qui prime au quotidien c'est une guerre de moyen au détriment de la qualité du truc. Ils ont fait la bêtise de valider des spécifications qui ne répondaient pas à leur besoin? On leur fait ce qui est marqué dans les spécifications. On leur fera payer les modifications quand ils se rendront compte que ça ne répond pas à leur besoin. Plus tard. Quand ça sera encore plus difficile à changer. Quand ça demandera des heures de travail absurde à des développeurs qui se rendent bien compte qu'on aurait du le faire bien plus tôt. L'argent organise l'absurde.

Dans ma société idéale, la volonté de donner à tous une vie qui ait du sens serait ce qui guiderait les investissements, et on n'essaierait pas de faire croire aux gens que c'est d'aller vers les activités  qui brassent de l'argent qui a du sens. 

 

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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 11:49
Recabinet docteur. J'ai eu un bien meilleur moment quand la RH a accepté de me laisser partir en rupture conventionnelle de contrat , ce qui repoussait la fin de ma galère a fin juin mais me laissait toucher les Assedics assez rapidement. Mais hier mon DP a voulu négocier deux mois d'indemnité pour moi et il s'est fait envoyer bouler. Alors qu'il l'avait obtenu quelques mois auparavant pour un autre employé pas plus expérimenté que moi. Je peux quand même pas partir sans avoir vu la médecine du travail. Alors j'ai demandé un rendez-vous. Complètement larguée je suis. Reinsomnie, re bide en vrac et re-docteur. J'ai peur qu'il me dise encore qu'il peut pas arrêter tous les gens qui sont mal au travail. Mais en même temps je suis trop conne de faire comme si de rien n'était non? Je sais plus :(
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