Ce qui est pénible avec les blogs, c'est le côté brouillon. Comme il faut publier souvent, publier vite avant que le sujet d'actualité soit passé à la trappe,
comme on sait qu'un article trop long n'est quasiment jamais lu, on essaye d'aller à l'essentiel, et du coup on passe à côté.
On pose une bonne question, une qui mérite une vraie réflexion, et les commentaires se perdent dans des polémiques stériles parce que c'est plus facile d'attaquer son contradicteur sur son
orthographe que de chercher à expliquer pourquoi on a un avis différent.
C'est le cas de mon article d'aujourd'hui (vous ne serez pas plus avancé à la fin sur la question posée dans le titre, vous êtes prévenus), et c'est souvent le cas des super commissions mises en
place pour la concertation.
Celle qui m'intéresse aujourd'hui, c'est celle de ce cher Martin Hirsch, qui avait écouté avec empathie les doléances de Génération Précaire il y a 3 ans,
et qui préside aujourd'hui le Haut Commissariat à la Jeunesse.
Je me demande si quelqu'un, à part les responsables d'organisations de jeunesse, est au courant qu'une concertation
sur la jeunesse est en cours. D'ailleurs merci à Julien, Nicolas, Ophélie, Malcolm, Yannick de Génération Précaire, qui se relaient au chevet de ladite commission pour essayer
qu'on n'oublie pas trop vite que les jeunes ne sont pas forcément dans une case: salarié, étudiant, chomeur mais parfois tout ça en même temps, quand le temps passé en stage leur a fait oublier
l'adresse de leur fac ou école, et que c'est en fait le spectre du chômage qui leur a fait prendre leur carte d'étudiant. Mêmes activités quotidiennes qu'un salarié, statut étudiant pour
l'administration, chômeur en sursis dans la tête.
Et que trouve-t-on dans les propositions discutées? Un dispositif permettant d'augmenter les revenus qu'ils tirent
de leur travail (pour une heure travaillée, le jeune recevrait, en plus de son salaire, une prime fixe, dans la limite d'un certain nombre d'heures par mois). Une espèce de RSA sans le nom,
vu que c'est réservé aux plus de 26 ans. Alors même que le RSA est par nature discriminatoire envers les jeunes, on réfléchit à la possibilité de créer un RSA spécial jeunes. Qu'est-ce qui
justifie cette séparation théorique?
Quel est le mur franchi à 25 ans qui justifie cette différence de traitement? Ne serait-ce pas une sorte de majorité financière, différente de la majorité légale?
Quel est le sens d'un droit de vote accordé à quelqu'un que la société ne considère pas comme autonome, qu'on considère comme susceptible de trop tirer au flanc si on lui accorde la même
assistance sociale qu'à un "adulte de plus de 25 ans"?
Il existe un site internet pour cette concertation, tellement mort qu'on peut douter de la volonté d'une concertation trop large. Etant donné le développement de l'usage d'internet chez les
jeunes, c'est assez problématique de constater que trois mois après le début de la concertation, le nombre de contributions sur chaque débat ne s'élève pas à plus de 25.
Est-ce qu'on aurait oublié de prévenir les jeunes qu'ils avaient droit à la parole? Est-ce qu'on aurait décrédibilisé la commission dès le début (par exemple, en montrant que Sarkozy prend les
décisions qu'il veut sans même avoir besoin de consulter Hirsch? http://www.letudiant.fr/jobsstages/emploi-des-jeunes-sarkozy-met-1-3-milliard-sur-la-table-10594.html )
Peut-être aussi que les jeunes en ont marre d'être étiquetés jeunes et qu'ils étaient juste très occupés à faire campagne pour Europe Ecologie??
Si c'est le cas, ils ont au moins gagné l'élection de Karima (Delli), et ça vaut bien plus que toutes les concertations du monde !!
(et oui, je sais , Karima a plus de 25 ans...)