Je ne connais pas ce type. C'est peut-être le dernier des connards, d'ailleurs j'ai pas beaucoup d'admiration pour tout ce qui affiche BNP Paribas... Et puis, depuis que j'ai foiré lamentablement mon oral d'ingénieur territorial, faut avouer que j'ai pas le moral et que les neurones sont en berne. Mais ce gars-là, je suis tombée sur son article par hasard (il se trouve qu'il parle de "génération" et de "précaire") il faut bien avouer qu'il tape dans le tas et qu'on finit par se poser des questions... le petit laïus sur les 35 heures , cause de tous les maux, ne me donne pas envie de l'aimer, tellement c'est un argument "tarte à la crème" de droite , qui tape sur un truc de gauche pour le plaisir.
Mais en dehors de la recherche des responsabilités, j'ai peur du désespoir des jeunes. J'ai peur de mon propre désespoir. J'ai peur des gens qui disent que le "développement durable" est à la mode et qui ne comprennent pas que pour notre génération, ce n'est pas une mode, mais une question de survie. J'ai peur des riches de plus de 50 ans qui roulent en 4x4 de luxe, qui prennent l'avion 3 fois par semaine pour affaire, qui partent dans les îles 5 fois par an et pour qui le réchauffement climatique est une chimère "à la mode". J'ai peur de Chirac quand il parle de l'arme atomique.
Je vous jure, j'ai peur.
La chronique
L'euthanasie de la jeunesse
L'Expansion
Du jamais-vu dans l'histoire : la dette mondiale, publique et privée, représente 141 % du PIB mondial, vient d'annoncer le FMI. Pourtant, on ne s'en rend guère compte, car la hausse de la dette, qui se fait au détriment des générations futures, accompagne le vieillissement démographique et l'évolution vers un capitalisme de plus en plus patrimonial et mondialisé. Depuis vingt ans, la valeur des patrimoines, dont la concentration est proportionnelle à l'âge, progresse plus vite que les revenus. La mondialisation explique l'absence d'inflation, donc les bas niveaux de taux d'intérêt et, partant, la forte valorisation réelle des patrimoines, alors que le vieillissement pousse à la privatisation progressive des systèmes de couverture publique des risques vieillesse et santé.
Les Etats-Unis compensent leurs déséquilibres financiers par des créations d'emplois, une mobilité sociale et un effort d'investissement substantiel dans les activités d'avenir et dans l'économie de la connaissance. Rien de tel en France. Etudiants, les jeunes subissent la massification et la paupérisation de l'enseignement supérieur et, actifs, ils endurent le sous-emploi (23 % de chômage) et l'emploi précaire. Plus que d'autres, les jeunes sont frappés par la mondialisation du marché du travail alors que les insiders se protègent.
La pression fiscale sur les revenus des jeunes actifs réduit aussi leur possibilité d'accumuler des richesses. En revanche, elle perpétue la rente statutaire d'un secteur public fossilisé, le service de la dette et la rente sociale des générations précédentes dont ces jeunes ne bénéficieront pas. A cela s'ajoute la bulle immobilière, qui appauvrit les jeunes locataires, transfère les risques sur les primo-accédants et creuse un peu plus la fracture territoriale. Dans la course au patrimoine et à l'intégration, la prime va aux héritiers, en dépit des discours incantatoires sur l'égalité des chances.
Les baby-boomers n'hésitent pas à multiplier les engagements qui pèsent sur les autres classes d'âge. On le voit, par exemple, avec les trente-cinq heures, qui ne s'appliquent pas aux lycéens et étudiants : cette mesure, qui a dégradé les finances publiques, réduit la croissance potentielle et aggravé le sous-emploi, illustre les choix d'une génération égocentrique et rentière qui finit par euthanasier ses jeunes pour perpétuer son bien-être.
Par Jean-Pierre Petit, directeur de la recherche économique à Exane BNP Paribas