Comme j’aurais aimé me reposer samedi soir… Au lieu de ça, je me suis retrouvée dans une salle trop petite, bondée, où un spectateur ne pouvait pas avoir le moindre relent gastrique sans que les trois rangs de devant en profitent… Bon désolée pour la Comédie Caumartin, c’est super sympa les petits théâtres ; le seul inconvénient c’est qu’on ne peut pas sortir quand le spectacle devient pénible au point d’avoir une envie irrépressible de sortir prendre l’air.
J’avais pas choisi d’aller voir Aleveque, d’ailleurs je le connaissais à peine ; à peine entendu deux trois phrases dans l’émission de Ruquier, j’ai haussé les sourcils quand on m’a dit qu’il était soi-disant comique ; « ah booooooooon ? » Il a pas l’air.
Bref, une sombre histoire de cadeau de Noël qui tombait à la mauvaise date pour la personne bénéficiaire, un billet qu’on n’arrive pas à échanger, et voilà que je me retrouve à la Comédie Caumartin, espérant que le compère va quand même se montrer drôle, et me disant que quand même je vais peut-être passer un bon moment…
Mission qui s’est révélé impossible au bout d’un quart d’heure. Je pense que j’ai rigolé un peu au début, surtout au moment où il nous expliquait qu’il avait le dos coincé et qu’il ne pourrait pas faire toutes les gesticulations prévues. Il était plutôt marrant avec son balai dans le c... Il semblerait que ça nous a évité pas mal de geste d’une drôlerie irrésistible ; vous savez, quand on fait mine de tenir quelqu’un devant nous et qu’on balance violemment son bassin d’arrière en avant… Rien que pour ça, je crois que j’étais plutôt contente qu’il ait les lombaires en compote…
Donc bon, les écolos, les anti-tabac l’emmerdent au plus haut point,il veut pouvoir fumer et rouler en voiture tranquille sans se faire traiter d’assassins… Y a eu quelques critiques rigolotes, notamment quand il s’imagine dans un couloir pour voiture d’un mètre de large, à 4 pattes, à pousser des petites voitures en simulant ces bons vieux embouteillages qui auront disparu « eh apprends à conduire, crétin !! Eh mais casse-toi, cooonnard !! ». On peut en rire, mais ça devient gênant quand il range tout ça dans la case du politiquement correct et qu’il passe allègrement dans un soi-disant crescendo sur les empêcheurs de penser en rond vers les mesures sécuritaires de Sarkozy, les caméras de surveillance qui s’installent partout et bientôt dans nos cerveaux, le Big Brother. Il veut pouvoir tout dire, tout faire, et qu’on l’emmerde pas.
Et il en oublie la différence entre ce qui relève du respect des autres et ce qui relève des atteintes graves à la liberté.
La misogynie est revendiquée : toutes des chieuses ! Le mariage est la pire plaie de l’humanité (pas la peine de dire que pour lui, l’humanité, c’est l’homme, comme magnifiquement illustré dans son sketch sur le repas entre amis de cultures différentes. Bien qu’on apprenne au début qu’Edouard est venu avec sa chieuse de femme qui emmerde tout le monde avec son régime et qui casse l’ambiance en prenant pas de café parce que c’est un peu tard, c’est pas bon pour la santé, etc., la conversation se fait uniquement entre mecs, à croire que les femmes sont muettes). D’ailleurs, dès le début du spectacle il annonce la couleur ; un monde de rêve c’est un monde de baise et de femmes muettes. Et il l’applique immédiatement à ses sketchs et à son public ; il parle de mecs, pour les mecs, il prend les mecs à parti pour dire que « quel veinard, ce mec qui a disparu après avoir dit « je vais m’acheter des cigarettes » », à tel point qu’on se demande vraiment pourquoi il y a des femmes dans la salle. Fallait le mettre sur le billet : « spectacle destiné à un public masculin, si possible machiste », ça m’aurait évité de le subir pendant deux heures… Quand il s’en prend à cette salope de Cecilia Sarkozy « qu’est-ce qu’elle suce bien », il s’excuse de dire des choses comme ça… mais quand même c’est Sarkozy, et il l’aime pas ! (on dirait qu’il n’a même pas compris qu’il insultait plus Cecilia Sarkozy que son mari… non, non, c’est normal, seul un homme est insulté quand on dit que sa femme est une salope, la femme n’existe que comme moyen d’insulter l’homme ; jamais vu un état d’esprit aussi ringard, on se croirait au début du 20e siècle…)
Vouloir l’empêcher de polluer avec sa voiture, atteinte grave à la liberté : vouloir l’empêcher de dire que Cecilia Sarkozy est une salope, atteinte grave à la liberté : mettre un flic derrière chaque personne, atteinte grave à la liberté : mettre une puce électronique dans le cerveau des gens pour les punir avant même qu’ils aient commis un acte répréhensible, atteinte grave à la liberté. Il ne fait aucune différence, et à la longue, c’est saoulant. Et quand à la fin il se permet de chanter un hymne à la révolution de Georges Moustaki , on se dit qu’il est vraiment dans la rébellion la plus ringarde qui soit… Avec sa sciatique naissante, j’avais envie de lui dire « fais pas semblant d’être révolutionnaire, tout ton spectacle montre que t’es juste en train de mal vieillir, et que finalement tu supportes pas le changement, surtout quand il s’attaque à ton petit confort… va te mettre au lit avec une bouillotte, va, promis on soignera pas ton cancer du poumon, comme ça tu mourras pas seul et déshydraté dans une vieille maison de retraite ; c’est bien ça qui te fait peur, non ? »