Comme à son habitude, Sarkozy utilise un argument avancé par beaucoup pour annoncer une mesure qui ne va pas du tout dans le sens de celles(ceux) dont il reprend les arguments. Oui, les congés maternité à rallonge rendent difficile le retour à l'emploi des femmes; ou plutôt, c'est la perception qu'ont les employeurs d'une femme ayant pris un congé parental long qui rend le retour à l'emploi difficile. Oui, ces congés parentaux sont des "trous" dans la carrière des femmes et entraînent des inégalités professionnelles importantes par la suite. Donc, dit le président, ça paraît limpide, il faut raccourcir le congé parental.
A l'avantage de qui, en fin de compte? De ceux qui indemnisaient ce congé parental. Pour les femmes au statut précaire, qui ne peuvent pas compter sur un retour à leur ancien emploi et qui
peinent de toute façon à retrouver une activité salariée, ce ne sont que des revenus en moins.
Pour les couples qui n'auront pas trouvé de place en crèche et devront payer le prix fort pour la garde de leurs enfants, ce sont aussi des revenus en moins. En effet, le compte n'y est pas sur
les places en crèche, et rien n'est fait pour rendre les métiers de la petite enfance, comme par hasard en majorité féminins et précaires, plus attractifs, sans parler du fait qu'ils représentent
une bonne partie des emplois à temps partiel non choisis.
Le président s'intéresse à une partie des arguments (les congés parentaux longs freinent les femmes dans leurs carrières) et oublie les autres (l'inégalité dans le partage des tâches familiales
pousse plus souvent les mères à sacrifier leur carrière que les pères, les frais de garde poussent plus souvent les femmes que les hommes à préférer l'abandon de leur activté plutôt que le
financement d'une garde).
Ce que les femmes auront perdu sur le choix de la durée de leur congé parental, le gagneront-elles du côté de leur avancement de carrière? Rien n'est moins sûr. Il ne suffit pas de couper les
fonds d'un côté pour qu'ils rentrent de l'autre. Finalement, raccourcir le congé parental, n'est-ce pas simplement enlever aux mères le choix de leur date de retour à l'emploi?