Comment promouvoir le civisme fiscal ? Un point de vue du philosophe Philippe Van Parijs (Louvain, Chaire Hoover d’éthique économique et sociale) qui va chercher la justification de l’impôt dans la légitimité du système de redistribution des richesses.
http://www.inegalites.fr/spip.php?article636&id_mot=43
Aujourd'hui les français sont tentés de tout casser parce qu'ils ne se rappellent plus (ou n'ont jamais su) le sens de l'impôt, le sens de la protection sociale, le sens de l'existence des services publics. J'ai l'impression qu'il va falloir casser tout le système de solidarité mis en place en France pour compter ensuite les pots cassés, et peut-être comprendre ce qui nous avait amené à le mettre en place.
A entendre certaines personnes, tous ces systèmes de protection sociale sont moribonds, coûtent abominablement trop cher, empêchent la France de progresser sur le plan économique, etc... Mais c'est bien parce qu'on prend uniquement comme référence la croissance économique, et pas le bien-être ( je vous renvoie au rapport de Patrick Viveret "Reconsidérer la richesse", qui vaut vraiment le coup qu'on le lise et relise, même s'il n'est pas le seul à avoir écrit sur ce sujet).
Combien de gens fustigent les charges et l'impôt en oubliant que les routes qu'empruntent les camions qui distribuent les marchandises ont été construites et sont entretenues grâce à des fonds publics? Combien se souviennent que s'ils peuvent bénéficier d'une main d'oeuvre suffisamment éduquée pour être efficace, c'est aussi bien souvent grâce à l'école publique? (hormis les rares cas de ceux qui ont fait tout leur parcours scolaire dans le privé, et même le privé bénéficie souvent de fonds publics) Pour eux, l'impôt ne sert qu'à engraisser des feignants de fonctionnaires. Des fois j'aimerais que ceux qui râlent contre leurs charges écrasantes imaginent la France sans cette gestion publique. Je me rappelle un responsable d'Accor qui nous expliquait que le SIDA leur posait un réel problème de main d'oeuvre dans leurs hotels africains, et qu'ils se mettaient donc à créer eux-même une politique de santé pour que leurs salariés ne leur "claquent pas dans les doigts" à 30 ans (c'est triste de parler comme ça, mais malheureusement c'était un peu ça). On peut y voir une belle politique de responsabilité sociale, on peut aussi y voir que l'entreprise a besoin des services de santé que la France met en place avec, entre autres, les prélèvements obligatoires (je suis nulle en fiscalité, je ne sais pas quel compte va où et je crois qu'en fin de compte, ce n'est pas l'important). Les impôts (rebaptisés "charges" par les anti-impôts) prélevés aux particuliers et aux entreprises sont largement redistribuées sous d'autres formes qu'on ne voit plus forcément.
Ensuite le grand dada, c'est de dire que la gestion sous forme publique est toujours moins efficace. Il y a de multiples exemples qui prouvent malheureusement le contraire. L'entreprise va à la rentabilité plus qu'elle ne va à la qualité du service rendu; en tout cas, ce sera le cas tant que la responsabilité sociale des entreprises restera un gadget juste bon à palabrer dans des colloques sur le "développement durable" au lieu d'être un des buts principaux de l'entreprise (personnellement je rêverais que ce soit le but principal, mais l'idéalisme me tuera :p)