Vendredi, je me suis décidée à me lever plus tôt pour rejoindre "
la France qui se lève tôt".
Rendez vous 6h30 au Métro "La Muette" (j'aime ce nom...).
Ambiance tranquille, plutôt amusée, on reluque nos instruments de "musique"; les casseroles, les trombones, deux filles jouent de la flute en choeur, d'autres ont des trompettes multicolores, des instruments étranges, des sifflets.
Les flics sont là, tout autour, je suis assez épatée d'en trouver une dizaine pour une manifestation qui a quand même peu de chance de se terminer en casse ou en émeute (c'est pas la première fois et il n'y a jamais eu de débordements.. et puis les casseurs récidivistes sont rarement dans le 16e à 6h du mat). Une fois que tout le monde est arrivé , on se distribue les tracts, Manu donne le ton. "Nous sommes des citoyens. Et en bon citoyen, nous respectons la loi. Ce qui n'est pas le cas du maire de Neuilly, qui n'a pas 2% de logement sociaux dans sa ville alors que la loi lui en impose 20%. Mais il dit qu'il n'est pas du côté des fraudeurs. Pour lui, économiser un euro 40 pour prendre le métro, ça se fait vraiment pas... Par contre, dans ses soutiens, on trouve quand même des gens qui ont eu des petits problèmes avec la justice: Alain Carignon, Bernard Tapie, Alain Juppé..."
Je regarde le tract, et je mesure l'absurdité de jouer les indignés face à ceux qui selon lui sont du côté des fraudeurs.
Sarkozy : le gouvernement des honnêtes gens ?
« Tolérance zéro ? » Nicolas Sarkozy veut envoyer en prison les fraudeurs du métro, et au gouvernement les fraudeurs de la République. « Je ne serai pas du côté des tricheurs, des fraudeurs, des malhonnêtes ». Mais Nicolas, regarde bien, les tricheurs, les fraudeurs, les malhonnêtes, eux, sont avec toi !
Nicolas Sarkozy ne respecte pas les lois. La mairie de Neuilly s?affranchit de la loi SRU, dont l?article 55 exige 20 % de logements sociaux. Maire de 1983 à 2002, Sarkozy n?en a jamais construit, et la ville stagne aujourd?hui à 2,6 %... L?UMP s?est également affranchi de la loi sur la parité, préférant payer des pénalités. En 2002, le parti a dû s'acquitter d'une pénalité de 4 262 606,13 euros pour n'avoir présenté que 108 femmes dans 542 circonscriptions. Pour les législatives de juin 2007, 180 femmes ont été investies dans 570 circonscriptions, soit seulement 30 %.
Nicolas Sarkozy s?est spécialisé dans la réhabilitation des fraudeurs : pas ceux qui sautent les portillons, mais les riches qui détournent des dizaines de milliers d?euros pour financer leur parti, payer leurs domestiques, frauder le fisc? Voter Sarkozy ce n?est pas voter pour « la rupture », c?est prolonger un système de corruption chiraquien.
On ne sait pas encore qui serait le Premier ministre de Sarkozy. En revanche, au poste de « ministre des affaires », il n?a que l?embarras du choix. Les nominés sont?
Les condamnés?
Alain Carignon
Condamné à la prison ferme en juillet 1996 (5 ans dont 1 avec sursis) par la Cour d?appel de Lyon pour corruption et abus de biens sociaux, récemment investi président de la fédération UMP de l?Isère. Ministre de l?Environnement au moment de
Tchernobyl. Il doit être entendu par la police judiciaire de Grenoble dans le cadre d'une enquête concernant le marché des parkings de la ville.
Patrick Balkany
Condamné en mai 1996 par la neuvième Chambre du tribunal correctionnel de Nanterre pour « prise illégale d?intérêt » lorsqu?il était maire de Levallois, pour avoir fait payer par la ville les salaires du personnel de son appartement de 500m² et de son moulin de Giverny, pendant 10 ans. Il est condamné à quinze mois de prison avec sursis, 200 000 francs d?amende et deux ans d?inéligibilité. En juillet 1999, il est condamné par la chambre régionale des comptes d?Ile de France à rembourser le montant des salaires des employés (plus de 500 000 euros), jugement confirmé par le Conseil d?Etat en juillet 2005. Il doit aussi payer à la mairie de Levallois les intérêts sur cette somme. En février 2007, il a déposé au ministère de l?Economie une demande de remise gracieuse pour le paiement de ces intérêts.
Bernard Tapie
Condamné en juin 1997 pour fraude fiscale et abus de bien sociaux dans l?affaire du yacht le « Phocéa » : on lui reproche d?avoir entraîné un manque à gagner de 12,47 millions de francs pour le fisc. Bernard Tapie est aussi condamné dans le cadre de l?affaire OM-VA à deux ans de prison, dont huit mois fermes, trois ans d?inéligibilité et 20 000 francs d?amende par la cour d?appel de Douai en novembre 1995. Rebelote en juillet 1996, par le tribunal de Béthune : deux ans de prison avec sursis, 300 000 francs d'amende, pour recel d'abus de biens sociaux dans le cadre de l?affaire Testut. Il est encore condamné à huit mois ferme pour fraude fiscale en décembre 2005.
Alain Juppé
Condamné à l?inéligibilité pour 10 ans et à 18 mois de prison avec sursis dans l?affaire des emplois fictifs du RPR, pour prise illégale d?intérêt. Dans la conclusion du jugement rendu le 30 janvier 2004, on peut lire : « La nature des faits commis est insupportable au corps social comme contraire à la volonté générale exprimée par la loi. Alain Juppé a, alors qu?il était investi d?un mandat électif public, trompé la confiance du peuple souverain. »
Doc Gyneco
Condamné à payer une amende de 700 000 euros après avoir été reconnu coupable de fraude fiscale en décembre 2006. Arrêté en janvier 2007 pour conduite en état d?ivresse.
Henry Chabert
Condamné en février 2001 par le TGI de Lyon à deux ans d?inéligibilité pour recel d?abus de biens sociaux pour une affaire autour de la rénovation de sa résidence secondaire. Décision confirmée en appel en janvier 2002. Investi par l?UMP pour les élections législatives de juin 2007 à Villeurbanne.
Pascal Sevran
Après avoir tenu des propos insultants sur l?Afrique et les Africains (« ils ont la mort au bout de leur bite »), Pascal Sevran est condamné en avril 2007 par le conseil des Prud?hommes à verser 30 000 euros de rappels de salaires, congés payés et prime d'ancienneté à son jardinier.
Les mis en examen?
Gérard Longuet
Conseiller politique de Nicolas Sarkozy, il est mis en examen pour « recel d?abus de crédit » dans l?affaire de sa villa de Saint Tropez. Il a été mis en examen et relaxé dans l?affaire des marchés publics d?Ile de France. Co-fondateur d?Occident et fondateur du GUD, il a préconisé une alliance avec le Front national.
Charles Pasqua
Mis en examen en mai 2003 pour prise illégale d?intérêts dans le cadre de l?affaire de la Fondation Hamon. Il est aussi sous le coup de trois mises en examen par la Cour de justice de la République dans les affaires du casino d?Annemasse, du déménagement du siège de la société Alstom, l?affaire de la Sofremi (détournement de fonds, trafic d?armes vers l?Angola). Mis en examen en avril 2006 pour « trafic d?influence aggravé » dans le cadre de l?affaire « Pétrole contre nourriture » en Irak. En 2004, il se réfugie au Sénat grâce à Sarkozy.
André Santini
Mis en examen en juin 2003 pour prise illégale d?intérêts dans l?affaire Hamon.
Contacts : 06 22 59 95 07 ? 06 20 21 10 53 ? 06 87 46 82 23
infos@lafrancequiselevetot.com
http://lafrancequiselevetot.over-blog.org/
Au bout d'un moment, on commence à se fatiguer de rester sur place; on a beau alterner les slogans "la France qui se lève tôt contre Sarko" "tic tac tic tac il est Sarko moins le quart", faire des coucous à ceux qui nous regardent de leur fenêtre, abasourdis, on a un peu des fourmis dans les jambes, on irait bien se balader.
Certains commencent à prendre la tangente pour se dégourdir les jambes, je les suis, les policiers nous rattrapent pour nous dire de revenir en arrière. Comme je suis un peu naïve et vraiment pas habituée à me trouver en situation d'emmerder le monde, je dis "M'enfin, la libre circulation, on a le droit de circuler quand même?". Le flic me dit juste "non" et il faut que demande à une autre manifestante pour apprendre que nous n'avons l'autorisation que pour une manifestation statique. En bon mouton, je dis "ah bon" et je retourne rejoindre le groupe, sans me presser vu que je suis à même pas 10 mètres. Le flic de derrière, visiblement stressé que nous ne soyons pas assez parqués me pousse dans le dos, comme si j'avais pas compris dans quel sens aller!
Un des manifestants habillé façon disco -couleurs flashy et perruque volumineuse- danse au son des percussions sous le nez du flic sensé nous empêcher d'aller sur la voirie (enfin dos à lui, bien sûr). Il a le malheur de descendre du trottoir entre deux voitures garées (ah oui, j'oubliais de vous dire que le trafic était inexistant à cet endroit et à cette heure là); rebelote il se fait pousser assez brusquement sur le trottoir. Je me dis qu'on est vraiment bonne pâte de se laisser pousser comme ça sans rien dire. Je rigole un peu intérieurement en me disant que le flic est sûrement un peu homophobe et que ça doit l'énerver de voir l'autre tortiller du cul sous son nez. Mais bon, on n'est clairement pas là pour chercher des poux à la Police, juste pour exprimer notre opposition à Sarkozy, ce qui est normalement encore quelque chose qu'on a le droit de faire dans ce pays. On a choisi exprès l'heure à laquelle se réveillent les honnêtes citoyens selon Sarko pour ne gêner que les flemmards qui trainassent au lit.
Un chauffeur de taxi à qui j'essaye de donner un tract me dit: "vous avez pas le droit de faire ça". Enervé, le monsieur... Je lui réponds "heu ben si, sinon les flics qui sont là nous auraient déjà amenés au poste, j'imagine". On sent bien que ça veut plutôt dire "vous ne devriez pas avoir le droit de faire ça". Il me referme la fenêtre sous le nez en me rendant mon tract, et le coince dans sa fenêtre dans la précipitation. J'avais pourtant pas l'intention de le taper , hein...
Un peu plus tard, la boulangerie du coin de la rue ouvre ses portes. J'ai un petit creux, soif surtout, je me dis que j'irais bien m'acheter un petit quelque chose, et là, boum, je me heurte encore à un policier. Je lui dis tout à fait poliment que j'aimerais bien aller m'acheter un croissant; "non". Je range mes tracts dans mon sac, je vérifie que je n'ai plus aucun signe visible d'appartenance à la manifestation, je lui dis "heu, je peux quand même sortir de la manifestation pour aller m'acheter quelque chose à manger? J'ai tout rangé". "Non". "Mais heu, je suis une citoyenne comme une autre, pourquoi je peux pas entrer dans une boulangerie et m'acheter un croissant?" Pas de réponse, mais il continue à me barrer le passage. Grmbl... J'aurais mieux fait de tomber dans les pommes et simuler une crise d'hypoglycémie.
Franchement, vu l'amabilité des flics, je me suis demandé si ils étaient là par mesure de sécurité ou par conviction personnelle, sorte de contre-manif en uniforme... Nan mé!