Je vois que ça vous dérange beaucoup de ne pas savoir ce que je pense après 4 mois de collaboration, et donc je vais jouer franc jeu en vous expliquant réellement quelle est ma situation.
Si vous voulez connaître mes convictions profondes, je suis plus proche d'une militante écolo et d'un membre de CHSCT que d'un directeur de site industriel. Pourtant, je sais un peu ce que c'est , en tout cas ce que ça a pu être, puisque mon grand-père dirigeait une fabrique d'huile dans le nord , aujourd'hui disparue, tuée par la concurrence.
J'ai un trou dans mon CV entre 2005 et 2008, car je consacrais le plus clair de mon énergie à faire en sorte , avec Génération Précaire, que la législation sur le stage évolue.
C'est pourquoi j'ai du beaucoup prendre sur moi au moment de faire mon stage chez vous, et je ne pouvais pas vraiment en vouloir à E, stagiaire en même temps que moi, de se révolter qu'on ne lui rembourse même pas intégralement ses frais de transport.
Je trouve injuste qu'on lui ait reproché son manque de sérieux alors qu' elle était juste épuisée de devoir en même temps faire son stage et donner des cours le soir et le week end pour gagner sa vie. Stage pendant lequel, je le rappelle, elle a travaillé sur des analyses essentielles qui relèvent de votre obligation légale de surveiller les risques encourus par votre personnel.
Malgré tout ça, j'ai bien compris que mon rôle, la mission qui m'est confiée, est de vous assister dans la gestion des sujets environnementaux et de sécurité, pour entre autres minimiser les risques de sanctions administratives, et c'est vraiment ce que je m'attache à faire de mon mieux.
En gros, je suis de votre côté, parce que c'est mon travail, que je mesure les difficultés que vous avez à être assistée par votre hiérarchie dans cette tâche, et qu'à titre personnel je ne vous veux que du bien.
Certes ça m'oblige à des compromis, et ça peut se voir dans mon comportement, et vous pouvez être irritée que je me morde les lèvres de temps en temps sans que vous sachiez ce que je me retiens de dire. Mais je vous assure que je fais de mon mieux depuis le début pour que ça se passe bien et que vous puissiez avoir confiance en moi.
Ce n'est pas parce que sur un plan plus global je suis ravie que la loi tente de protéger les gens et l'environnement face aux logiques uniquement financières que je suis ravie de voir que c'est à vous qu'on reproche de ne pas faire ce qu'il faut, alors qu'objectivement votre entreprise ne vous en donne pas les moyens.
Je sais bien que la tendance est à la réduction des effectifs internes et que vous tous, managers et salariés , êtes sous pression. On rationnalise les moyens et on vous enlève des marges de manoeuvres (voir C. et sa Direction des Systèmes d'Information, par exemple).
Je sais faire la part des choses dans tout ça, je vous demande juste de comprendre que la situation n'est pas facile pour moi, obligée de m'impliquer dans un travail que je ne pourrai pas poursuivre parce que ce n'est qu'une mission d'interim.
D'autre part, oui, j'ai des relations difficiles avec les autres, ça me demande beaucoup d'efforts d'être sociable, c'est un gros frein dans tous les aspects de ma vie, j'apprécierais que vous me souteniez au lieu de retourner le couteau dans la plaie en disant que si je ne corrige pas ça fissa, ça sera difficile de trouver du travail. Comme si je ne le savais pas...
Recevez, Madame, ...