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Comme une machine qui consommerait un maximum de pétrole uniquement pour entretenir sa surchauffe, l'intello du dessous consomme un maximum de facultés intellectuelles pour entretenir sa capacité à surmener son cerveau... en pure perte. Un pur produit de la société de surinformation dans laquelle on patauge...

Aujourd'hui j'ai décidé que tout ça allait sortir, et que je ferais connaître à  d'autres cerveaux surmenés et improductifs le chaos de mes pensées. Ca me fend un peu le coeur d'ajouter au flot d'informations inutiles qui circulent sur le net, mais il paraît qu'un être humain doit s'exprimer pour vivre, il paraît qu'il faut partager ses pensées pour qu'elles ne restent pas vaines. Alors bien sûr, cette décision tiendra jusqu'à ce que la somme d'informations que j'ingurgite chaque jour ne submerge la ressource mémoire où est née l'idée de ce blog, mais ne désespérons pas. Peut-être que le Bouddha qui veilla sur mon berceau me donnera la faculté d'entretenir mon jardin...

 

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30 août 2007 4 30 /08 /août /2007 11:29
Je me suis plongée dans la lecture d'un livre de Jean-Paul Carrière "Fragilité"

J'avais été séduite par la présentation de ce livre,  moi qui me suis sentie si fragile face à la supposée force de ceux qui m'entouraient; ceux qui réussissaient, qui ne connaissaient pas (ou faisaient mine de ne pas connaître) le doute ou le désespoir. 

A l'arrière du livre on peut lire cet extrait:

"Nous devons préserver notre fragilité comme nous devons sauver l'inutile. L'inutile, parce qu'il nous sauve du simple calcul  productif, maître du monde. Il nous permet de nous en évader, il est notre issue de secours. La fragilité, parce qu'elle nous rapproche les uns des autres, alors que la force nous éloigne".


La dernière partie de cette citation surtout m'avait touchée. Je me demande parfois si je n'ai pas fait, ces derniers temps, un peu exprès  d'échouer, de ne pas trouver le moyen d'être indépendante. C'est que ma fragilité m'avait fait connaître ce qu'il y a de vraiment humain chez les autres,  on  ne peut se faire aider et par là connaître la  générosité (pas seulement matérielle, mais spirituelle) des autres qu'en n'étant mal en point, fragile. L'autosuffisance (j'ai souvent tendance à confondre indépendance et autosuffisance, comme on parle de l'indépendance énergétique de la France) ne permet pas aux autres de nous donner quelque chose: on n'a besoin de rien, et on paraît si fort; "besoin de personne", comme dit la chanson.

J'ai connu ce "besoin de personne" et je me suis sentie très seule. Et j'ai connu aussi le besoin d'être aidée, et je me suis sentie très entourée. Il reste à trouver le juste milieu, celui où personne ne ment et où on est conscients qu'on a besoin les uns des autres, et que ça ne fait pas de l'un le faible et de l'autre le fort. Pas facile à trouver...
C'est ce que Jean Claude Carrière essaye de trouver dans son essai sur la fragilité.

Comme d'habitude, mon introduction a pris plus de place que prévu, je voulais au départ vous faire part de cette étrange comparaison qu'il fait entre les attentats suicides et le sort que nous réservons à notre planète. Elle peut paraître extrême sortie de son contexte, mais il est vrai que notre comportement actuel est étrange; nous savons que nous consommons trop de ressources, que les gazs que nous émettons peuvent tuer énormément de personnes à long terme, que l'équilibre de l'écosystème qui nous a permis de naître à cette planète est tellement perturbé par nos agissements que nous entraînons des espèces entières à la disparition,  et nous sommes incapables de changer de comportement, ou même d'imaginer en changer  (je pense à ces élus locaux qui continuent à dire qu'il est impensable de ne pas construire plus de routes; à ceux qui tiennent absolument à construire encore une autre ceinture  bétonnée autour de la capitale, coûte que coûte, l'économie en a besoin, et le développement économique n'admet pas d'obstacles; mais aussi aux compagnies du voyage compulsif qui affirment le droit à partir à l'autre bout du monde en avion, pour tous, au prix le plus bas, alors qu'on sait que l'atmosphère paye le prix fort.) 

Après s'être penché longuement sur ce qui peut pousser un être humain à se donner la mort en entraînant la vie de centaines d'autres dans un attentat suicide, pour l'obéissance à une loi qu'aucun dieu n'a jamais prononcée, et pour la gloire d'un dieu dont on ignore l'existence, Jean-Claude Carrière en revient à nos agissements quotidiens.
"Et si cette notion de fragilité s'appliquait aussi aux sociétés? Aux traditions religieuses, à toutes les institutions, à tous les organismes, à tous les réseaux que nous avons mis en place pour nous convaincre, nous, les éphémères, que nous sommes solides,[...] construits pour longtemps, pour toujours peut-être? [...] Si une anxiété secrète conduisait certains peuples, ou de larges fragments de certains peuples, à une explosion de témérité brutale, à un barroud d'honneur? [...]
On nous dit parfois qu'il y  a là quelque chose d'animal, un instinct qu'on appelait jadis grégaire, un comportement de bêtes sociales. On nous parle des suicides collectifs de lemmings [...]. Ce comportement animal, s'il est avéré, n'est qu'une partie de leur vie. Serait-il une partie de la nôtre?"

"Ce besoin de salir la planète, de l'empuantir, d'en pourrir l'eau, le sol et l'air jusqu'à la rendre véritablement invivable un jour prochain, serait-il le besoin suprême qui se situerait au-delà même des folies nationalistes, religieuses, idéologiques? La revanche des faibles? La nécessité de détruire ce qui est plus solide que nous, un besoin irresistible, poussé à l'extrême, jusqu'à notre anéantissement sans appel -de quoi le reste de l'Univers, d'ailleurs, se moque éperdument? [...] Il s'en moque pour la bonne raison que si notre planète se suicidait, se faisait exploser au milieu des espaces [...] les autres personnages de notre ciel poursuivraient paisiblement leur danse. [...]
Ce sentiment, non seulement de fragilité mais d'insignifiance radicale, de non-importance, finalement de non-existence, est peut-être à la base de cette pulsion de mort dont nous avons tant parlé sans parvenir à la réduire. Car notre démarche est la même, que nous le voulions ou non, que celle des terroristes que nous accablons. Mettre en marche un climatiseur dans sa voiture, c'est commettre un attentat suicide. Dans le cas du kamikaze, il se tue pour tuer les autres et il le sait. Dans le cas du climatiseur, nous aggravons l'état de l'atmosphère, nous portons dommage aux autres mais aussi à nous-mêmes, à nos amis, à nos enfants. Je n'échappe pas à ce péril de mort que je transmets. Dans le premier cas nous cherchons la mort au nom d'une haine qui s'accroche à un dieu fantôme. Dans le second cas, nous appuyons sur le bouton du tableau de bord au nom d'un dieu réel, qui s'appelle confort, auquel nous sacrifions nos existences sans avoir admis sa divinité.
Cependant, à bien y regarder, les deux démarches sont similaires. Nous commençons par nous inventer un besoin (d'une loi, d'une consolation, d'un peu d'air frais) et nous finissons par en faire un dieu. Hors de question de nous en passer désormais. Et dans les deux cas les grands prêtres, les profiteurs, les sacrificateurs n'échappent pas aux méfaits qu'ils répandent. Tous dans la même poubelle où s'entassent nos déceptions modernes. Les grands prêtres seront privés de paradis et les industriels de santé. "
C'est sans doute l'excès de cette comparaison qui m'a donné envie de la relever. Mais j'ai beau la trouver excessive, je ne peux m'empêcher de la trouver juste. La différence est dans la relative lenteur de notre attentat suicide. On ne détruit pas la planète en un éclair comme lors d'un attentat suicide , même si on sait que c'est possible, si la folie s'emparaît des chefs des nations qui se sont jugées assez responsables pour avoir le droit de détenir des armes nucléaires sans représenter un réel danger de destruction... pour combien de temps resteront-ils responsables? On préfère ne pas y penser. Notre suicide collectif se fait à  petit feu, en faisant mine d'oublier que notre survie en tant qu'espèce dépend de  la préservation de la planète qui nous accueille. La différence tient aussi dans le fait que nous espérons mourir plus tard que les victimes de notre attentat suicide, les peuples qui n'ont pas eu accès à notre "développement" et qui souffrent les premiers de la désertification, de la montée des eaux, des pollutions.
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commentaires

L
Long terme ou court terme?Suicide "rapide" ou suicide "lent"?D'une façon comme d'une autre on y va et on y arrivera, mais chacun se dit qu'il n'y sera pas et tous pensent égoïstement que le suivant se débrouillera.Ce n'est pas tellement la façon d'agir ou la manière de penser qui règlera quelque chose puisque notre planète "subira" un changement climatique de toute façon et l'égoïsme de l'humain lui survivra, s'adaptera et pourra chanter "tout va très bien madame la marquise"!
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L
je suis en train de lire "la revanche de Gaïa" de James Lovelock. Même si je m'interroge encore sur sa façon de voir les solutions aux changements climatiques, il dit ceci:"Même si nous cessions immédiatement d'accaparer les terres et l'eau pour la production alimentaire et énergétique, même si nous cessions de polluer l'air, il faudrait à la Terre plus de mille ans pour se remettre des dommages que nous lui avons déjà infligés." Effectivement , de toute façon, la planète subit déjà les conséquences.
A
toutE la délicatesse
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A
Alors oui, c'est tout la délicatesse de faire correspondre le court terme d'une vie humaine au court terme géopolitique et climatique.(J'ai fait de la propagande sur la conversion écologique de l'économie à mon banquier !)
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A
Oh c'est juste au sens où on pratique. Mais il est vrai que dans les arts martiaux traditionnels, la philosophie n'est pas distincte de la pratique physique. Je pourrais en parler des heures (et squatter ton blog) alors je crois que je vais en faire une note prochaine par chez moi.Salutations martiales à Jack ;)Sinon pour revenir à la note, le GIEC a donné récemment des éléments de chiffrage sur les migrations climatiques qui devraient se produire dans les 50 prochaines années ; alors la sécurité des pays dit riches et tempérés est bien relative...
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L
Bah, y a des squatteurs moints gênants que d'autres! Je ne t'en voudrais pas. Si le mot "pratiquant" résonne bizarrement à mes oreilles, c'est justement à cause de l'éducation bien catholique que j'ai eue (et pratiquante en plus), mais tout comme les Chiennes de Garde ont revendiqué que le mot "chienne" ne soit pas automatiquement associé à une insulte, le mot "pratiquant" n'a aucune raison d'être automatique associé à la religion. Pour ce que tu dis des migrations climatiques, ça rejoint bien ce que dit Jack: comme ce n'est que dans les 50 prochaines années, ce n'est déjà plus du court terme.
J
augenblick: toi aussi tu es pratiquante??salut à une confrere alors.je peux répondre à tes préoccupations environnementales en tant qu'économiste. On raisonne toujours en court terme (ex: quelles politiques adopter pour avoir une croissance de 2 etqq % à la fin de l'année?) et en moyen terme. On pense tres peu au Long terme. Il faut aussi ajouter que les couts environnementaux ne sont pas pris en compte par les entreprises et les élus (ou alors tres peu). Les premieres se contenant de respecter les directives européennes à la marge ( à la limite de) et les derniers ayant des discours et des promesses tres "natures" juste lors des elections. Les coûts environnementaux etant des couts de long terme, ils passent au second plan. De plus ils sont difficilement quantifiables et seront payés non pas par la societe qui pollue mais pas la collectivité. L'entreprise et les elus s'en moquent donc. Mais puisque l'on est en danger de mort (ou nos enfants) pourquoi n'agissons nous pas tout de suite? Pour 2 raisons tres simples.1/ on pense que les nouvelles technologies permettront de reparer le tort ou de pallier les consequences de notre comportement.2/ les societes occidentales seront relativement épargnées. New York ne sera pas engloutie sous les eaux ou prisonniere de la glace. Par contre les contrées lointaines : bengladesh, cambodge supporteront le prix des dereglements. Loin des yeux loin du coeurs, nous enverrons de l'argent à des associations pour satisfaire notre petit sentiment de culpabilité.Voilà pourquoi tout le monde s'en fout. Peut être est ce la destinée de l'humanité?.Content de voir que tu as repris des forces.
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L
Est-ce que c'est la destinée de l'humanité? C'est ce que je me suis dit à un moment: allez, on va tous crever de nos conneries, le tout c'est d'arriver à le faire sans tout fouttre en l'air avant de partir. Mais c'est très dangereux comme idée. Si chez moi ça se traduit uniquement par un découragement définitif et une envie d'oublier tout et tout le monde, chez d'autres ça se traduit par une folie de destruction : "après nous le déluge". Ce n'est pas parce qu'on est desespéré qu'il faut pourrir la vie de ceux qui ont encore de l'espoir. Et même il faut faire tout ce qu'on peut pour qu'ils puissent continuer à en avoir. Je vis de plus en plus mal de savoir que des gens qui n'ont rien demandé subissent les conséquences des pollutions crées par des mégalos qui se sentent supérieurs. Et entendre ce que notre mégalo national va débiter en Afrique ou ailleurs n'en parlons même pas..." augenblick: toi aussi tu es pratiquante??" Cette phrase me fait bizarre... On croirait que tu l'interroges sur sa religion... Vous êtes sûrs que c'est pas une nouvelle secte, le kung fu..? :p